
La séparation des pouvoirs, pierre angulaire de la démocratie : le cas burundais sous la loupe

Dans toute démocratie digne de ce nom, la séparation des pouvoirs — exécutif, législatif et judiciaire — constitue un rempart contre les dérives autoritaires. Elle garantit l’équilibre institutionnel, limite les abus de pouvoir et préserve les libertés fondamentales. Mais qu’en est-il au Burundi, où le parti CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie) règne en maître depuis plus d’une décennie ?
La séparation des pouvoirs : un principe démocratique fondamental
Dans un État démocratique, la séparation des pouvoirs permet à chaque institution de jouer pleinement son rôle : l’exécutif gouverne, le législatif vote les lois, le judiciaire tranche en toute impartialité. Ce mécanisme de contrepoids évite la concentration excessive du pouvoir dans les mains d’un seul organe ou d’un seul homme. Montesquieu, père de cette doctrine, affirmait que « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ».
Le CNDD-FDD et la centralisation du pouvoir
Depuis son accession au pouvoir en 2005, le CNDD-FDD a progressivement consolidé son emprise sur les principales institutions de l’État. Le président actuel, Évariste Ndayishimiye, tout en affichant des discours de réforme, maintient une ligne politique héritée de ses prédécesseurs : concentration du pouvoir exécutif, affaiblissement du Parlement, instrumentalisation de la justice.
Des observateurs indépendants relèvent que les décisions législatives émanent souvent de l’exécutif, le Parlement jouant un rôle d’enregistrement plutôt que de délibération. La justice, quant à elle, subit des pressions notoires, comme en témoignent les procès politiques expéditifs contre des opposants ou des journalistes critiques du régime.
La position critique du MSD
Face à cette dérive autoritaire, le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD), continue d’élever la voix, bien que muselé dans le débat politique national. Le MSD accuse le CNDD-FDD de confisquer l’appareil d’État à des fins partisanes, de marginaliser l’opposition et de compromettre les principes de bonne gouvernance.
Le MSD dénonce une « gouvernance opaque et autoritaire, fondée sur la peur, la répression et l’instrumentalisation de la justice ». Le MSD appelle à une refondation démocratique basée sur la restauration effective de la séparation des pouvoirs et le respect des droits humains.
Vers une normalisation ou une dérive autoritaire ?
Malgré les signaux préoccupants, des voix issues de la société civile, des églises et de la diaspora continuent de plaider pour une transition démocratique apaisée. Toutefois, l’espace civique demeure restreint, les médias indépendants affaiblis, et les partis d’opposition, tels que le MSD, contraints à l’exil ou à la clandestinité.
Bref, la démocratie burundaise vacille sur ses fondements. La séparation des pouvoirs, loin d’être un simple principe théorique, constitue l’essence même d’un État de droit. Tant que le pouvoir en place ne permettra pas une réelle autonomie institutionnelle, le Burundi restera prisonnier d’un système politique où l’ombre d’un parti unique plane sur la vie nationale.
Celestin HAVYARIMANA
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