Burundi :« Il n’y a jamais eu et il n’y aura pas de vrai dialogue à Arusha », Léonce Ngendakumana

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« Il n’y a jamais eu et n’y aura pas de vrai dialogue à Arusha. Nous avons été trahis par la région (EAC). Elle est complice de Nkurunziza Pierre », s’indigne Léonce Ngendakumana.
Le vice-président du FRODEBU réagissait à plusieurs commentaires concernant la prochaine et dernière session du dialogue inter burundais organisée à Arusha par la communauté est-africaine (CEA/EAC) avec Mkapa comme facilitateur et Museveni comme médiateur.
Selon le Secrétaire Exécutif du CNARED, Anicet Niyonkuru, cette 5ème et dernière session du dialogue interburundais, normalement prévue du 19 au 24 octobre 2018, a été reportée par le facilitateur du 03 au 07 novembre 2018 (dates probables) « à cause de l’insistance du Gouvernement du Burundi qui n’est pas prêt à négocier avec son opposition », précise-t-il.
Tout cela montre à quel point ce dialogue organisé par Mkapa et Museveni (pour la région) reste moins rassurant et objectif. Leur seul objectif est la fin du 3ème mandat de Nkurunziza Pierre et l’organisation des élections de 2020 … Pire encore, c’est malheureusement évident que l’ONU et l’UA sont devenues passives par rapport à la crise burundaise et les chefs d’Etat de la région affichent une complicité nette avec le régime du fait qu’ils ne soutiennent pas Mkapa ou ne l’imposent pas de bien faire son boulot et d’une façon inclusive et objective.
Le boycott ou sabotage des négociations par le pouvoir de Bujumbura renforce les auteurs de l’attaque de Gatumba et autres mouvements armés qui ne voient aucune autre issue de cette crise que la force étant donné que Nkurunziza Pierre et son cercle fermé de généraux, eux-mêmes passés par le maquis, ne veulent pas entendre parler d’une issue politique et pacifique qu’est le véritable dialogue totalement inclusif et objectif avec une médiation/facilitation impartiale.
Voici ci-après ce que Léonce Ngendakumana en pense :
[ 1. Il n’y a jamais eu de médiation régionale proprement dite sur le conflit et crise burundais depuis 2015 et il n’y en aura pas à la prochaine session.
2. En réalité, comme on dit en Kirundi : « umubeshi uramuherekeza gushika ku muryango » (un menteur on l’accompagne jusqu’à la porte /portail), (même si) il n’y aura rien de plus à attendre dans cette session, il faudra répondre au rendez-vous et avoir le courage de dire à Mkapa que la région, la médiation et la facilitation ont lamentablement échoué dans la recherche des solutions à la crise burundaise. Il faudra être là pour lui demander officiellement de mettre fin à cette mascarade de dialogue pour permettre aux burundais de s’organiser autrement. Il faudra que nous soyons nombreux, si pas tous, pour le lui signifier dans des termes les plus clairs possibles à travers une position commune et forte.
3. Je répète ce que je dis souvent, l’opposition a commis deux grandes erreurs : avoir trop compté sur une communauté internationale sans statut et avoir cru que Nkurunziza Pierre cédera le pouvoir facilement et rapidement. Il est plus que temps de constater que nous continuons à nager dans des illusions.
4. L’opposition a une très grande responsabilité dans ce qui se passe au Burundi et dans la sous-région. Elle dispose de beaucoup d’atouts qu’elle ne sait (veut) pas capitaliser jusqu’ici.
5. On parle souvent des partis déchiquetés/détruits (« Nyakurizés») par le régime de Nkurunziza. Pensez-vous que ces partis n’ont aucune responsabilité dans leurs divisions ?
Prenons le cas que je connais très bien, le FRODEBU. Un parti qui compte en son sein des grandes personnalités politiques comme entre autres Ntibantunganya Sylvestre, Ndayizeye Domitien, Dr Jean Minani, Honorables Bamvunginyumvira Frédéric et Léonce Ngendakumana (moi-même), pour ne citer que celles-là. Pourquoi attendre que ce soit Nkurunziza Pierre, Mkapa ou Museveni qui nous doivent nous remettre ensemble ? N’est-ce pas une honte pour nous ? Comment pourrions-nous aider les autres à se réconcilier si nous ne sommes pas capables de nous réconcilier nous-mêmes sans l’aide de personne de l’extérieur compte tenu des enjeux en cours et des dangers en perspective pour notre pays ?
Je pourrais citer d’autres cas similaires au FRODEBU, mais… (je me réserve)
6. Comme je l’ai dit souvent, il n’y aura pas,…. il n’y aura pas, …il n’y aura pas, etc….de solutions au conflit et à la crise burundais tant que l’opposition restera dispersée et divisée et tant que l’opposition restera dans l’illusion que Nkurunziza Pierre, Mkapa, Museveni et Magufuli apporteront des solutions au conflit et à la crise burundais.
7. Nous serons obligés, à cours et à moyen termes, de forger une vision commune, une plateforme politique minimale commune et un Leader commun si nous voulons faire du Burundi une Nation digne, réconciliée, unie et prospère.
Et au cas où l’opposition réussira à concrétiser cette union et vision commune, ça sera la dernière fois qu’on accepte de telles invitations sans qu’on prenne au sérieux nos doléances. On n’acceptera plus jamais qu’on nous parle de partage de miettes (pouvoir) tout en ignorant les vrais problèmes qui préoccupent les burundais.
Mais, ce qui est plus important à propos de cette 5ème et dernière session est qu’ils sauront qu’on est au courant de la vérité/réalité qu’ils sont complices de Nkurunziza Pierre depuis le début et qu’on n’y retournera plus si c’est pour perdre du temps. Ces dialogues ont été un obstacle à notre lutte je vous jure. (…) ]
Premièrement, je salue le courage, comme d’habitude, de Léonce Ngendakumana, de nous faire part de ses observations et commentaires à propos de la prochaine session du fameux dialogue inter burundais d’Arusha.
Je trouve ses observations théoriquement très intéressantes. Il est l’un des rares qui osent s’exprimer librement comme ça sur des sujets aussi importants que ceux-là.
Ensuite, je suis d’accord avec Léonce N. que continuer à répondre aux invitations de Mkapa à Arusha sans avoir un point de vue commun (l’opposition interne et externe, du moins ceux qui se présentent contre le 3è mandat de Nkurunziza et ses conséquences)… ça ne sera toujours que du perte de temps… Toute personne avisée et de bonne foi a déjà constaté malheureusement que cette médiation de l’EAC est très faible. Sa faiblesse est due du fait que les chefs d’État n’ont pas offert leur soutien total au facilitateur, Benjamin Mkapa. D’où son entreprise donne l’impression d’être à la solde du pouvoir de facto de Bujumbura.
Néanmoins, la politique de la chaise vide n’étant pas également meilleure tactique, vaudrait mieux se faire représenter par quelques membres (de l’extérieur, intérieur et SC, femmes & Medias) pour exiger ensemble qu’il y ait réellement un vrai dialogue inclusif, sincère et objectif.
Comme l’a dit  Ngendakumana, jusque-là, il n’y a jamais eu de vrai dialogue étant donné qu’il n’y a jamais eu aucune rencontre autour d’une même table entre le gouvernement et les principaux leaders l’opposition et de la société civile. Bujumbura a claqué la porte à deux reprises. Dernièrement, le gouvernement du Burundi a envoyé le secrétaire l’assistant du Ministre de l’intérieur, M. Ntahiraja Thérence, récemment limogé. Le facilitateur fait uniquement une gymnastique d’aller-retour entre les parties (Bujumbura, Bruxelles ou Kampala). Comment peut-on parler parler de 5ème session, alors qu’il n’y a eu ni 1ème, ni 2ème, ni 3ème, ni même 4ème ? C’est absurde !
Récemment, presque toute l’opposition politique (de l’intérieur & l’extérieur du Burundi ) se serait réunie à Kampala pour harmoniser les positions dans ce dialogue. Je présume eu égard à la discrétion et la confidentialité qui ont caractérisé cette rencontre qu’une position commune a été adoptée et qu’ils iront à cette rencontre pour défendre cette position commune.
Même si avoir une confiance à notre opposition est devenu difficile (voire même impossible), peut-être que cette fois-ci ce qu’ils ont déclaré après leur récente rencontre d’Entebbe aura impact positif dans le processus de ce fameux dialogue…Ne fût-ce que minime. Sinon, leur présence à Arusha sera, comme toujours, une perte de temps… (juste, du perdiem).
Certains sujets sont prioritaires pour ne pas trahir nos compatriotes et le Burundi : le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation de 2000 et la constitution de 2005. Sans oublier la justice indépendante et équitable pour tous les crimes commis avant et pendant cette crise. La liste des principaux points à ne pas oublier n’est pas exhaustive (entre autres les conséquences de l’actuelle crise burundaise). Mais, la feuille de route pour les élections de 2020 est, selon moi, la dernière des préoccupations des burundais, voire même la conclusion d’un vrai dialogue totalement inclusif … ce qui n’est pas le cas !
Pour conclure, certaines questions et inquiétudes qu’a la majorité des burundais sur ce processus auront probablement des réponses (suffisantes ou non) après cette «dernière session » … On saura quoi conclure ! La déception, étonnement, etc. !
De toute façon, la lutte continue, ce n’est pas ce fameux dialogue d’Arusha qui mettra fin à la lutte s’il continue d’être exclusif et s’il n’est pas délocalisé, devient réellement inclusif, objectif et sérieux avec un nouveau médiateur et facilitateur. (Ce qui risque de ne pas arriver pour bientôt, pour être réaliste). Mais, l’Espoir fait vivre, dit-on. Wait & see !
©Baconib Blaise

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