L’ethnie, un instrument puissant de division

Tel est le cas au Burundi, où le pouvoir ne cesse d’agiter le démon de l’ethnie, en jouant des rivalités entre Hutus et Tutsis. Lui-même Hutu, le président Pierre Nkurunziza a recours à un discours de haine qui évoque celui du Rwanda d’avant le génocide en 1994. Comme au Rwanda, elle dit kora (travail) pour parler de l’élimination des Tutsis, minorité traitée de mujeri (chiens enragés), comme elle l’était de « cafards » au Rwanda. Le régime de Bujumbura présente par ailleurs tous les Tutsis comme des alliés objectifs du Rwanda, s’efforçant de brouiller la lecture internationale de la crise — qui se résume à un peuple en lutte pour sa démocratie — en la reliant systématiquement à Paul Kagamé.

L’opposant Alexis Sinduhije, en exil, résiste à cette propagande qui n’a rien d’une fatalité : « Je ne vois pas de complot des Hutus contre les Tutsis au Burundi, dit-il, mais un pouvoir qui tue ses citoyens indistinctement, sans considérer leur ethnie. Il y a plus de Hutus tués par ce gouvernement que de Tutsis, d’ailleurs. Ils ont une même caractéristique, le fait d’être opposants. En vérité, nous savons bien que nous sommes tous pareils et que le réel problème est ailleurs. Il tient au fait que les pouvoirs au Burundi, quelle que soit leur ethnie, tendent à être dictatoriaux et militarisés. » Le phénomène est vrai dans nombre de pays d’Afrique centrale, menés par d’anciens militaires.

Par Sabine CESSOU

Source https://blog.mondediplo.net


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