L’Unité Nationale au Burundi : pourquoi et pour qui ?

Les Burundais célèbrent mardi le 05 février 2019 le 28e anniversaire de la Charte de l’Unité Nationale. Une Charte approuvée par référendum le 05 février 1991 à une majorité de 89.21%, du moins, selon Venant Kamana, Président de la Cour Suprême d’alors. Un décret-loi portant adoption solennelle de la Charte de l’Unité Nationale a été signée le 09 février 1991 par le Président, Major Pierre Buyoya.

L’histoire du Burundi d’après l’indépendance est jalonnée des périodes de massacres interethniques cycliques. En Août 1988, le régime de Buyoya 1er, encore embryonnaire, car vieux d’une année, reçut un baptême de feu avec les massacres de Ntega-Marangara (au Nord du Burundi). C’est dans cette foulée que furent organisés des colloques nationaux un peu partout dans le pays et dans les différentes structures socio-politiques du pays, pour débattre de la problématique de l’« ethnie » au Burundi. Une réalité que les régimes précédents ne reconnaissaient même pas l’existence, et il a fallu l’audace du Major Buyoya pour briser le tabou.

L’enthousiasme populaire fut cependant de courte durée et les violences interethniques recommencèrent encore plus violemment au lendemain du coup d’Etat de 1993 dans lequel périrent le président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye et plusieurs de ses proches collaborateurs.
Est-ce que vraiment le vote massif pour la Charte de l’Unité Nationale était-il une expression de la volonté populaire ou une machination politique du régime Buyoya ? L’Unité Nationale qui devait faire en sorte que la paix et la prospérité règnent dans le pays à travers une justice sociale plus saine, et ainsi réconcilier à jamais les différentes composantes ethniques du pays a-t-elle été atteinte ? La crise actuelle au Burundi a démontré que la culture de l’Unité et de la Solidarité est loin d’être une réalité dans les esprits de nos dirigeants du système CNDD-FDD, vu les atrocités qu’ils font subir à la population burundaise depuis 2006.
Comme les autres années, les officiels vont faire semblant de fêter, l’hymne de l’Unité va retentir après un banal dépôt de gerbes de fleurs et c’est tout !

Le peuple burundais devrait prendre conscience qu’il partage la même destinée, le même pays, le même ennemi et ainsi cheminer, main dans la main vers une Unité parfaite et pas celle des slogans politiques.

Par Lambert Niyonzima


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