A toujours Johnny

Johnny Clegg nous a quittés. Le musicien, le poète et le combattant de la liberté a tiré sa révérence. Johnny Clegg n’avait que 66 ans. Il luttait courageusement contre le cancer du pancréas depuis quatre ans.

Johnny Clegg faisait partie de ces Blancs sud-africains qui considéraient l’humiliation du racisme institutionnalisé infligé à leurs compatriotes noirs comme un affront à leur propre dignité. Chacun s’est alors saisi des moyens à sa disposition pour exprimer son opposition au système raciste.

Le musicien, l’écrivain, le militant, le croyant… sont tous, chacun à sa manière, entrés en résistance contre l’affront fait à l’humanité de tous que constituait l’apartheid. Johnny Clegg était né en 1953 au Royaume-Uni. Il est arrivé en Afrique du Sud à l’âge de 7 ans. Il fut initié aux cultures africaines par son beau-père journaliste. Johnny Clegg adorait la danse guerrière Zulu et s’en donnait à cœur joie à chacun de ses concerts.

Son imaginaire et sa puissance créatrice ont été fortement influencés par les traditions des peuples de son pays l’Afrique du Sud. Sa chanson Asimbonanga « nous ne t’avons pas vu », sortie en 1987 et dédiée à Nelson Mandela, a fortement renforcé la campagne mondiale pour la libération du plus vieux prisonnier politique d’alors et de ses compagnons. Dans Asimbonanga, le musicien rend également hommage à Steve Biko, Victoria Mxenge et Neil Agett de véritables héros du peuple sud-africain assassinés par le régime d’apartheid.

Durant sa carrière de musicien, Johnny Clegg a produit une douzaine d’albums. Dans Scattterings of Africa, Great Heart…, le musicien exprime son amour et sa confiance dans l’avenir du continent africain. Johnny Clegg était un artiste débordant d’énergie et de joie de vivre. Ni l’apartheid ni tant d’autres injustices qu’il n’a cessé de dénoncer, n’ont jamais réussi à fragiliser la force de son âme.

Il partageait avec Madiba et ses compagnons l’esprit d’invincibilité et le rêve d’une Afrique du Sud sans exclusion. Johnny Clegg vient de nous quitter pour rejoindre les inoubliables Myriam Makeba, Hugh Masekela, Luky Dube et tant d’autres. Bonne route Johnny vers la confrérie des ancêtres de l’avenir dont les voix, les mots et les mélodies nous restent de fidèles compagnons sur le chemin de la vie et de la lutte pour un monde meilleur.

 

Par Nestor Bidadanure


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