6 ans après, et rien n’a changé…
Les manifestations pacifiques d’Avril 2015, réprimées dans la violence, dénonçaient des pratiques anti constitutionnelles et une mauvaise gouvernance qui gangrenait le Burundi. Hélas, 6 ans après, la situation est la même.
« Non au 3e mandat ! », « Non à la dictature ! », « Non au viol de la Constitution ! », « Non au coup d’Etat constitutionnel ! », « Nous disons non au 3e mandat et aux violences faites aux manifestants ! » …Tels sont certains des écrits qui apparaissaient sur les pancartes des manifestants à Bujumbura, dès leur début, le 26 Avril 2015. Ils répondaient à l’appel lancé par les principales organisations de la société civile et des partis de l’opposition de descendre dans la rue pour protester pacifiquement contre une candidature du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat, jugé anti constitutionnel et contraire aux accords d’Arusha. Un appel qui a été massivement entendu par la majorité des habitants de Bujumbura, surtout les jeunes, toutes ethnies confondues, désespérés par une mauvaise gouvernance du régime Pierre Nkurunziza depuis 2005. Un mandat contesté jusque dans son propre parti, le Cndd-FDD, par ceux qui seront appelés des frondeurs. Mais ces manifestations ont été violemment réprimées dès le début par la police, qui a vite commencé à tirer à balles réelles sur la foule. En effet, le gouvernement a vite qualifié ces manifestations de soulèvements organisés et de mouvements insurrectionnels pour justifier la violence policière, appuyée par des Imbonerakure.
Une chasse à l’homme tous azimuts…
Les manifestations ont pourtant continué jusqu’à la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015. Considéré comme une finalité des manifestations, le putsch manqué a provoqué une réaction très violente du gouvernement qui a dépêché sa machine répressive sur les manifestants. Une véritable chasse à l’homme s’est organisée pour traquer et exécuter les manifestants, provoquant plus d’un demi-million de réfugiés dans les pays voisins. Le gouvernement en a aussi profité pour en finir avec certains médias privés et organisations de la société civile, accusés dans la foulée d’être des putschistes ou leurs complices. Au sein des forces de l’ordre, surtout l’armée, la chasse à l‘homme s’est aussi opérée, une traque des éléments jugés favorables aux putschistes, surtout des Tutsis de l’ancienne armée FAB. Dans ce climat, le service de renseignement a procédé à des arrestations parmi les militaires actifs et retraités qui aboutissaientnt parfois à leur disparition. Le régime de Pierre Nkurunziza dans sa folie meurtrière, s’est renfermé sur lui-même, en faisant la sourde oreille aux appels de la communauté internationale et de la sous-région, et en coupant les ponts avec certaines organisations internationales. C’est ainsi que le Burundi s’est retiré de la Cour Pénale Internationale, et a fermé le bureau des Nations Unies pour des Droits de l’Homme au Burundi. En effet, la répression contre les manifestants de 2015 a entraîné, en décembre 2015, l’adoption d’une résolution en faveur d’une commission d’enquête à l’ONU, de même que l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale en avril 2016.
Déshabiller Pierre pour habiller Evariste…
La crise subsiste toujours actuellement et se caractérise par une répression extrêmement violente de la part de l’État contre les opposants. Dans son dernier rapport, la commission d’enquête sur le Burundi du conseil des droits de l’homme de l’ONU dénonce une situation des droits humains qui ne s’améliore pas : violences sexuelles, disparitions, intimidations, tortures, corruption, possibles crimes contre l’humanité… Selon ce rapport, la situation n’a pas changé après le changement à la tête de l’Etat burundais. “Les personnalités identifiées comme responsables de ces violations dans le passé ont reçu une promotion et sont donc dans une situation de pouvoir beaucoup plus importante », a indiqué Doudou Diène, président de la commission d’enquête sur le Burundi au Conseil des droits de l’homme de l’Onu. « Et la justice, son indépendance, n’ont pas fait l’objet de changement et donc l’impunité et les violations des droits de l’homme continuent à régner. » Ce rapport insiste sur le rôle prépondérant dans les violences des milices Imbonerakure du parti au pouvoir, et leurs liens serrés avec la police et les renseignements d’Etat. Une organisation qui créée une peur permanente pour les habitants.
Au nom du Burundi et des Burundais…
Parallèlement, plusieurs groupes armés d’opposition sont apparus. Le RED-Tabara (Résistance pour un Etat de droit au Burundi) et les Forces républicaines du Burundi (Forebu) sont nés fin 2015, début 2016, tandis qu’un groupe de combattants des Forces nationales de libération commandé par Aloys Nzabampema, en dissidence avec le chef historique Agathon Rwasa, est actif à la frontière congolo-burundaise depuis plusieurs années
Aujourd’hui, plus qu’hier, le pouvoir du Cndd-Fdd est déterminé à conserver les rênes du pouvoir à tout prix, en continuant à jouer les démocrates de façade et à pratiquer une dictature sanglante contre les Burundais. Des Burundais qui ne savent plus à quel saint se vouer face à un pouvoir qui est prêt à tout pour garder ses privilèges. Pourtant, ce beau pays qu’est le Burundi appartient à tous ses fils et filles, et il vaut la peine qu’on se batte pour lui, pour un meilleur avenir de nos enfants, dans un pays paisible pour tous. Si c’est vrai que le Cndd-Fdd a fermé toutes les portes pour une compétition politique équitable et ne veut pas entendre parler d’une réelle démocratie, il faut trouver une autre voie de se battre pour notre pays et surtout ne pas baisser les bras.
E.M.
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