Camp de réfugiés de Mahama : éclaircissement de la raison du non-retour au Burundi

Nous, réfugiés se trouvant au camp de Mahama, avons le plaisir de donner une histoire de notre Asile.

  • Des exactions extra-judiciaires qui étaient à leur point culminant et étaient en relation avec la situation sociopolitique du pays liée à la violation de l’Accord d’Arusha, de la constitution et d’autres textes règlementaires du Pays autrement dit l’instabilité politique liée aux pratiques de mauvaise gouvernance était la cause de ces tueries ;

Exemple de juin2020-18juin2022 : 80 personnes enlevées et arrêtées dont vous trouverez en annexe

  • Des disparitions forcées, des emprisonnements arbitraires, des violations des droits de la personne humaine, des violences sexuelles avec la politique d’alors de TERA INDA ABAKEBA BAVYARE IMBONERAKURE imputables aux forces de l’ordre, agents de l’état, au Service de renseignement et aux membres du parti au pouvoir (Jeunes affiliés au parti CNDD FDD) dans l’impunité totale.

Ici à Mahama existent des rescapés à ces derniers que ce soit les femmes violées, personnes torturées, veuves et orphelins suites à ces tueries ;

  • Des cadavres repêchés ici et là dans les rivières, dans les rues, dans les brousses, dans les fosses communes jusqu’à faire assaut sur le petit peuple des campagnes qui peine à avoir 2 repas par jours sous prétexte qu’ils sont opposants ;
  • Des discours haineux, divisionnistes et non tranquillisants des agents de l’état, du parti au pouvoir CNDD FDD déshumanisant les uns comme : MUJERI, HONGORINJAVYI, IBIPINGA, TUZOBAMESA, KORA MURONKE DES PARCELLES, UWUZOZANA UMUTWE WA KABURIMBO (NINGANZA actuellement morte) tuzomuha 5,000,000fbu (ordre du président du sénat Réverien NDKURIYO), TUZOBAFASHA KUJA IWABO BACIYE MURI RIVIERE RUVUBU,. et incitant les autres à commettre des forfaits contre leurs concitoyens ;
  • Des formations paramilitaires à l’endroit des jeunes affiliés au parti CNDDFDD (IMBONERAKURE) et la distribution consécutive des armes à feu, dans toutes les localités du pays jusqu’au niveau collinaires autrement dit du sommet à la base ;
  • Des tueries de masses organisées par les forces de l’ordre, le service de renseignement et les IMBONERAKURE dans les quartiers jugés contestataires du maudit mandat de feu NKURUNZIZA Pierre et dans d’autres coins du pays jugés opposants du CNDD FDD notamment les sites des Déplacés (rescapés du génocide de 1993) notamment l’horreur du 11 au 12decembre 2015 où des jeunes étaient égorgés comme des bêtes à l’abattoir ;
  • Des discours des agents du sommet de l’état déconsidérant ceux qui ont fui le pays en 2015 notamment celui de Pierre NKURUNZIZA en date du 25 juin 2015 à Gatare –Kirundo qui disait que ceux qui ont fui le pays vers le RWANDA sont rentrés chez eux niant ainsi notre citoyenneté.

Après cette énumération non exhaustive des causes qui nous ont poussés à fuir le pays, nous voudrions signaler que rien n’est meilleur qu’être chez soi, dans ses biens, dans sa famille et ses voisins, dans sa chère patrie.

Malheureusement, au lieu que les causes de notre fuite soient résolues pour que nous regagnions le pays, la situation s’est aggravée et voyons ensemble pour quoi nous, réfugiés de Mahama, ne pouvons pas rentrer actuellement :

Des gens continuent d’être exécutés, portés disparus, emprisonnés, violés, des cadavres continuent à être trouvés dans des rivières, dans des fosses communes, des discours haineux continuent à être prononcé, des formations paramilitaires et distributions des armes à feu aux IMBONERAKURE continuent ;  …..Tous ces actes sont posés et existent toujours dans une impunité totale.

Exemple de barrières des IMBONERAKURE :

RUMANDARI-GASENYI, SHOZA, KABOGO, MUGANO en province de Muyinga,

KUMUHUZU, RWIBIKARA, GATETE, KUMANA, GOROGOTA de Gasenyi-Nemba en commune BUSONI

KAMABUNGO, CARUBAMBO, KIDESANI en commune NTEGA de KIRUNDO et enfin NYAMABUYE de la commune Bugabira en Province de KIRUNDO

 

Bilan sur la situation des droits de l’homme au Burundi 3 mois (Septembre – Novembre 2022) : RAPPORT DE LIGUE ITEKA

 

Rapport / violation Tuées Cadavres Enlevées Torturées Arrêtées VBG
Rapport mensuel septembre 2022 27 11 5 7 72 9
Rapport mensuel octobre 2022 22 11 3 6 77 19
Bulletin Hebdomadaire Iteka n’ijambo no 342 5 4 0 0 4 3
Bulletin Hebdomadaire Iteka n’ijambo no 343 7 5 0 0 0 2
Bulletin Hebdomadaire Iteka n’ijambo no 344 9 6 0 3 2 2
TOTAL 70 37 8 16 155 35

 

Exemple des Rapatriés actuellement tués :        

Janvier Fils de DODORI de MAREMBO-BUSONI-KIRUNDO, rapatrié du RWANDA et Tué en mars 2022

NYANDWI Ferdinand, alias KAMBAYINGWE rapatrié du Rwanda en 2021.Tuée le 26 novembre 2022 au chef-lieu de la province KIRUNDO par des services de l’ordre et de la milice IMBONERAKURE du  CNDD FDD.

NTWARI René Pacifique de Kabanga –Busoni –Kirundo, Rapatrié du Rwanda, Tué en 2021.

MBARUSHIMANA Emmanuel de la Province Karusi-Buhiga, rapatrié du Rwanda, Tué en 2020.

HARERIMANA Jean Pierre de la Province de Kayanza Rapatrié du Rwanda précisément de Mahama, tué

Exemple des rapatriés portés disparus

KAYOBERA Venant et Niyonzima Seleman de la commune Matongo dans la Province de Kayanza, rapatriés du Rwanda, arrêtés en 2020 et depuis introuvables.

Pascal COYITUNGIYE rapatrié du Rwanda le 31/11/2021, introuvable depuis son arrestation le 01/01/2022 par le responsable provincial du SNR et le responsable provincial des Imbonerakure dans la Province Ngozi.

Christophe NIYONZIMA de BUGABIRA-KIRUNDO rapatrié du Rwanda en décembre 2020, arrêté par le renseignement militaire le 23/08/2021 à MASANGANZIRA KIRUNDO et NGOZI, introuvable depuis.

Claude MPABONYABAGENZI rapatrié du Rwanda, enlevé par les responsables des Imbonerakure de la province Ngozi à BURENGO et introuvable depuis.

Sylvain MAGORWA, rapatrié de la Tanzanie, arrêté le 30/9/2018 à MISHIHA-CANKUZO, remis au chef du SNR en Province de Cankuzo et introuvable depuis.

Eslon NSHINABIGOYE, rapatrié du Rwanda, résident en Province Rumonge, enlevé à Gitega le 11/1/2020 et introuvable depuis.

Thaddée NDUWIMANA rapatrié du Rwanda, arrêté le 31/5/2018 à NGOZI et introuvable depuis ….et diverses personnes dont leur familles ne connaissent pas où ils sont (des exemples en sont une fois besoins).

  • Signalons également que le RWANDA n’est pas le seul pays à avoir accueilli des réfugiés burundais dans la sous-région ni le premier à avoir beaucoup de réfugiés burundais mais le camp de Mahama a toujours été pointé du doigt par l’état burundais parfois le considérant comme collaborateur des groupes rebelles et l’opposition politique en exil ; ce qui est faux. Tout simplement l’état Burundais pense que la majorité des réfugiés burundais de Mahama sont des rescapés de divers actes ignobles qu’a connues notre pays notamment le génocide de 1993 (Cfr rapport de l’ONU S/1996/682 SUR LE GENOCIDE DES TUTSI AU BURUNDI) et l’état Burundais a une mission d’effacer toutes traces au moment où la justice viendra étant donné que certains membres du gouvernement (structures centralisés et décentralisés) sont soupçonnés être acteurs des actes du génocide de 1993.Temoignages des rescapés de ce génocide (orphelins, veuves,…)

Exemple : cas du site de BUGENDANA et MUTAHO en province de GITEGA, le Site de CAMPAZI en province KAYANZA, site GITARAMUKA en province KARUSI, site RUHORORO en commune et Province NGOZI, site Gasenyi et Rango en Province Kayanza pour ne citer que ça. Cette tentative de destructions des sites des rescapés du génocide de 1993(Cfr rapport de l’ONU S/1996/682 SUR LE GENOCIDE DES TUTSI AU BURUNDI) et les forcer à rentrer alors qu’ils passaient plus de 28 ans sans toutefois avoir l’opportunité d’y arriver. Ayant vécu la plupart d’entre nous dans ces sites de déplacés internes , nous en gardons une sinistre mémoire de telle sorte que rentrer au pays, vivre  et finir encore dans les sites des déplacés crée dans nos esprits une certaine fiction mortuaire malgré que  ces sites sont en train d’être chambardés pour la seule raison d’éparpiller les TUTSI en vue de  les éliminer un à un et d’effacer ceux qui pourront témoigner une fois qu’il y aurait la justice.

  • Des gens sont expropriés arbitrairement et frauduleusement parce qu’ils ont fui le pays et soit jugés opposant notamment pour ceux qui habitent dans des sites rescapès du génocide de 1993 ;

Exemple : Province Bururi-Matana –Rusura où l’honorable Emile a pris par force les terres de 4 personnes en exil sur la colline Rusura,

Province karusi-Buhiga-kigoma où des parcelles prises par forces sous prétexte qu’elles sont inoccupées ….

  • La crise politique existe toujours et le nœud de celle-ci, le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA a été juge illégal par la cour de la Communauté Est Africaine mais l’exécution de ce jugement et un dialogue inclusif de toutes les parties prenantes (l’Etat, Rebellions notamment FNL, Red Tabara … et l’opposition en exil) pour accoucher d’accalmie laissent à désirer. Ceux qui ont perdu les leurs ou leurs biens attendent impatiemment une justice équitable ;

 

  • Une justice impartiale et dépendante qui travaille à la merci du pouvoir exécutif surtout quand il s’agit des cas des rapatriés :

Exemples d’innocents refugiés, enlevés en Tanzanie le 22/07/2020 qui croupissent toujours en prison alors qu’acquittés par un tribunal depuis mars 2022 :

  • NKUNZIMANA Anaclet (Prison Bubanza)
  • NDIZEYE Radjabu (Prison Bubanza)
  • NIZIGAMA Emmanuel (Prison Bubanza)
  • BIZIMANA Didier (Prison Bubanza)
  • NIYOYANDEMYE Ezechiel (Prison de Muramvya)
  • CIMPAYE Felix (Prison de Muramvya)
  • RWASA Saidi (Prison de Muramvya)
  • NDAYISHIMYE Revocatus (Prison de Muramvya)

 

  • Des actions divisionnistes imputables à l’Etat notamment le recensement à base ethnique dans la fonction publique, dans les Organisations non Gouvernementales dont on connait la finalité dans la sous-région (Génocides) ;
  • Des commissions mises en place par l’Etat notamment la Commission Vérité et Réconciliation CVR en sigle qui est à l’origine du frein de la réconciliation nationale, à travers ses actes d’exhumations des restes des personnes tuées dans différentes périodes qui ont endeuillées le Burundi et les qualifient des os des HUTU seulement tués en 1972 oubliant ces autres périodes notamment 1965,1988, génocide de 1993, diverses tueries commises par le CNDD FDD étant rebelle et de 2015 à nos jours. Pas surpris car le CNDD FDD sait bel bien les endroits où ont été jetés les cadavres des personnes tuées depuis 1993 à nos jours car beaucoup d’entre eux étaient parmi ceux qui tuaient en 1993 et encore ce sont eux qui étaient rebelles ;
  • Il n’y a rien de nouveau dans le message de la délégation burundaise car il y a eu parmi les réfugiés ceux qui ont initiés le rapatriement et visiblement en étroite collaboration avec l’état burundais, cela est démontré par une pétition signée au camp de Mahama par les réfugiés adressés à l’état Burundais.

Ce rapatriement est toujours en cours et même ce 14 décembre 2022 il y a eu un convoi des réfugiés qui ont été rapatriés volontairement. Nous profitons de cette occasion pour remercier l’Etat Rwandais et le HCR de la façon dont ils procèdent pour accompagner ceux qui veulent se faire rapatrier ;

  • Président NDAYISHIMIYE Evariste dans son discours a dit que les rapatriés recevront un petit châtiment pour les réintégrer, ces exécutions, disparitions, emprisonnements des rapatriés sont en relation avec ce châtiment de réintégration (à voir la liste des rapatriés tués et disparus cités en haut) ;
  • Notons également que les gens continuent à fuir le pays notamment vers l’Europe et l’EAC, Cela est démontré par les informations de la Belgique qui a dit que l’Europe a accueilli de nombreux demandeurs d’asile burundais par rapport à d’autres pays ; des demandeurs d’asile se voient au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie et au Congo sans oublier ici au Rwanda.

De tout ce qui précède, nous recommandons :

  • Que les exactions extra-judiciaires, violations des droits humains dans le pays cessent immédiatement ;
  • Que la formation paramilitaire, la distribution des armes aux Imbonerakures et des discours haineux des autorités cessent ;
  • Que le désarmement des imbonerakure soit fait immédiatement ;
  • Que les rescapés du génocide de 1993 vivant dans des sites internes soient protégés et reçoivent garantie à leurs biens ;
  • Que le dialogue inclusif pour toutes les parties prenantes (l’état, Rebellions comme Red Tabara, FNL, FOREBU…et l’oppositions en exil) pour enfin espérer un Burundais meilleur et paisible ;
  • Que le Burundi ne considère plus le camp de Mahama comme un camp militaire ;
  • Libération des prisonniers innocents, prisonniers politiques, et surtout ceux qui ont purgés leurs peines et qui croupissent dans différentes prisons ;
  • Que l’état cesse d’exproprier injustement les réfugiés de leurs biens malgré leur absence ;
  • Stop à la course de rapatriement des réfugiés sans toutefois avoir des solutions aux différents maux qui ont poussé les gens à fuir le pays et surtout restaurez l’Accord d’Arusha qui avaient permis aux burundais de revivre en paix.

Ces informations sont adressées à la délégation burundaise au camp de Mahama

Et Avec copie à la délégation du MINEMA et à l’UNHCR.

 

Mahama, le 20 décembre 2022

Pour le comité des réfugiés de Mahama

KWIBISHATSE Jean Bosco


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